Vous direz que je fus celui-là qu’on insulte,
Une apparence d’homme en un mauvais logis ;
J’aurai vécu si peu dans l’ombre ou le tumulte,
Martelant l’idéal de mes deux poings rougis.
Vous direz qu’hébété j’eus grand-peine à connaître
Ce monde où les fâcheux brillent matin et soir,
Et qui me glaçait l’œil dès l’aube à ma fenêtre
Et qui me laissait nu devant lui sans espoir.
Vous direz que je mis trop de hâte à m’éprendre,
Trop de zèle à frémir aux doigts saints du bonheur
Mais quoi ; c’étaient au mieux quelques mois d’un vert tendre
Echappés aux complots d’un destin ricaneur.
Vous direz que la mort, laide comme une pieuvre,
Sut m’empêcher de vivre au gré des jours mouvants,
Et que mon seul trophée, oui que mon seul chef-d’œuvre
Fut d’écrire le mot "Amour" à tous les vents.
Poème extrait de "La Blessure des Mots"