Il a plu… tant plu.
Celle qui m’a plu
A changé d’adresse.
Que n’a-t-elle été
Au moins un été
Mon nœud de tendresse !
Que n’a-t-elle mis
Des rêves amis
Dans ma tête obscure,
Ou devant Pluton
Fait en demi-ton
Resplendir Mercure !
Il a plu… tant plu.
Tout ce que j’ai lu
Erre au coin de l’âtre.
Les carreaux geignant
Ont l’air si poignant
Sous le ciel jaunâtre.
Bah ! le vieux, le neuf,
Quel leurre ! Quel bluff !
Rien ne vaut grand-chose ;
Rien sinon l’amour ;
Mais le mien trop court
Bat la vitre close.
Il a plu… tant plu.
Un vœu melliflu
En passant m’égare.
Elle m’a laissé
D’un rire glacé
Non loin de la gare.
Ah ! que d’eau ! mon Dieu !
Son véloce adieu
A gommé tout charme.
Seul dans mon chez moi,
Soudain malgré moi,
J’effeuille une larme.
Poème inédit extrait de "La Blessure des Mots"
Les obtus orgueilleux
Entre le hochet rose et la canne jaunâtre,
En eux-mêmes toujours, comme ils aiment s’ébattre.
L’Histoire, ô fol orgueil ! semble n’avoir eu lieu
Que pour chanter leurs noms, un jour dans quelque lieu.
L’avenir au-delà bâille d’inexistence.
Mille siècles futurs, sans eux quelle importance ?
A peine à travers l’aube où leur moi fait le geai,
Conçoivent-ils l’oubli dont ils seront l’objet.
Car chacune ou chacun célèbre, impérissable,
« Son Argent, Sa Maison, Son Nid, Son Bac à sable »,
Car le soleil obtus sur quoi s’ouvrent leurs yeux,
Les rend semblables tous à des enfants trop vieux.
Alors par les chemins qu’aucune faux n’émonde,
Ils vont jusqu’à se croire un peu maîtres du monde,
Et forgeant autour d’elle ainsi de part en part,
Le bouclier hautain d’un colossal rempart,
Ils acclament la route aveuglément suivie,
Ceux qui ne daignent pas voir plus loin que leur vie.