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5 juillet 2014 6 05 /07 /juillet /2014 14:31

 

 

 

Figure-toi l’épée au cœur des mousses tendres,

Le rut phénoménal du crétinisme en fleurs,

Et toujours envahi, submergé par les cendres,

Un famélique espoir qui cherche ses couleurs.

 

Figure-toi l’orgueil sirupeux des images,

Le mot sonore et vain goulûment répété,

Comme vingt milans noirs sans chair et sans plumages

Dont le chant pleure ainsi qu’un mensonge hébété.

 

Figure-toi la glu hargneuse des recettes :

« Nigaud, voilà comment tu dois vivre aujourd’hui ;

Voici ton chemin gai d’impostures doucettes,

Voici ton âme au sol, plus fade qu’un produit. »

 

Figure-toi partout la glauque bien-pensance

Et nulle part l’éveil de l’être heideggérien,

Les journaleux jappant jusqu’à l’obéissance,

Les élus vérolés dans leur infini rien.

 

Figure-toi quand le crapaud singe l’étoile,

Combien de tourlourous dégoupillent du vent,

Du vent pestilentiel répandu sur la toile,

Du vent pour tous les morts et pour aucun vivant…

 

Mais regarde, ma jeune ondine, ma sirène,

Ce qui chez nous ce soir brûle d’élans séveux.

Est-ce bien là le monde ou le cirque ou l’arène

Où nous allons mêler l’un et l’autre nos vœux ?

 

Est-ce bien là qu’il faut sous le laid, sous l’informe,

Gaspiller une vie elle-même à l’envers ?

Là que chacun battu par la bêtise énorme,

Ira, cousu de peur, cimenter ses nids verts ?

 

Je ne puis, je ne veux, je ne daigne le croire.

Viens, ma délicieuse, envelopper mon cou.

L’existence chérie a l’éclat de la gloire,

Et l’homme libre saigne au long poids du licou.

 

A peine a-t-on nous deux embrassé la vingtaine.

Des colliers de jours neufs émaillent l’horizon.

Du funeste qui gronde avec sa voix hautaine,

Notre jeunesse aura splendidement raison.

 

Ailleurs ces maux ! ailleurs cette faune hagarde !

Trop d’objets, trop de vide écrasent nos destins.

Dès ce beau soir, pendant que le ciel nous regarde,

Déjà quelque vent chaud caresse les lointains.

 

Le soleil allongé sur les flammes des herbes,

Semble un diamant rouge habillé de douceur.

Devant moi, tu souris, les yeux grands et superbes,

Tandis que monte en nous une lumière sœur.

 

Je te sais merveilleuse au-delà du temps même.

Vois les loyaux baisers emplir le firmament.

C’est dans la soie et l’or comme un nouveau baptême.

C’est dans l’air vespéral naître à chaque moment.

 

Ta poitrine flamboie et tes languides lèvres

Aspirent l’éternel tout à coup deviné.

Par centaines, là-bas, ô charme ! des genièvres

Font voguer leur parfum tenace et raffiné.

 

Mes doigts frôlent les tiens, ma bouche sent la tienne.

Il n’est pas de vertige auquel l’âme sursoit.

Il n’est pas maintenant de feu que l’on n’obtienne,

De miracle d’autrui, de prodige de soi.

 

Irréelle, tu m’es plus que jamais présente.

Orphelin, je te suis moins que jamais absent.

Telle une fleur sans tache active et bienfaisante,

L’être éveillé debout rayonne tout puissant.

 

 

Poème inédit extrait de "La Blessure des Mots"

 

 

 

Zone d'ombre

 

Après-demain, cesseront-elles ?

Ou bien plus tard, ou bien jamais ?

Les vénéneuses bagatelles

Bavant des fourbes calumets.

 

S'éloignera-t-il juste une heure ?

Une minute, voire moins ?

Le sournois fardé comme un leurre,

Avec ses griffes dans les coins.

 

Or tout pareil à mes semblables,

Gonflé de miroirs innombrables,

Empli de haines à crever ;

 

Oui des plus sots tricheurs l'émule,

Trop souvent, je me dissimule

Pour n'avoir pas su me trouver.

 

Poème extrait de "La Blessure des Mots"

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  • : Thierry CABOT
  • : Il réunit des textes extraits de mon oeuvre poétique intitulée : " La Blessure des Mots "
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