Rien ne l’empêchera, toute espérance morte,
De rêver comme hier aux splendeurs de sa porte.
Chaque matin semblable aura voulu toujours
Du même et beau visage orner cent tristes jours.
En songeant dans la rue, il se languira d’elle,
Elle qui l’aima peu, juste un soir, d’un coup d’aile
Et dont les grands yeux verts à l’émail convoité
Bien au-delà des siens, vibreront de clarté.
Aucun fruit ni parfum, quoi que le destin fasse,
N’égalera jamais leur si court face à face
Où sans voir ce que l’aube a de lâche et moqueur,
Il crut voler le ciel pour s’en draper le cœur.
Et tandis que courront les méchantes années,
Tandis que d’autres deuils sur des chairs consternées
Viendront marquer le temps avec un poids cruel,
Lui... lui fidèle encore au plus saint rituel,
Arpentera ces lieux afin de humer l’ombre
De celle qui mettra du miel dans sa nuit sombre.
Poème inédit extrait de "La Blessure des Mots"
L'idéal caché
Foisonnantes lueurs où ma cervelle éteinte
S'épuise à ranimer certain joyau perdu,
Dans quel amer bas-fond, dans quel gouffre éperdu,
Se cache le vieil or que le sublime teinte ?
Combien candidement jusqu'au bout de l'émoi,
Avec des haut-le-coeur, je fus blessé de vivre
Quand il apparut tôt que pas même une aube ivre
Ne donnerait de chair à ce qui hurle en moi.
Oh ! ces mots lourds, jaunis, visqueux, sans altitude
Dont l'époque s'attache aux lèvres l'hébétude.
Oh ! mon rêve toujours moitié creux, moitié faux.
Oh ! l'idéal transi d'un pauvre amant qui fouille
Sous les débris humains lacérés par la faux,
Quelque improbable chose insensible à la rouille.
Poème inédit extrait de "La Blessure des Mots"