Mots clés de "La Blessure des Mots" : lyrisme, versification, prosodie, soutien de Paul Guth, poésie d'aujourd'hui, émotion, sensibilité
Sais-tu de quelles fleurs j'ai peuplé mon silence ?
Oh ! combien vivre fut insoutenable et beau.
Où que sans me le dire, eût penché la balance,
J'ai trop aimé le monde et trop craint le tombeau.
Si démuni parfois, le coeur en somnolence,
Le jour à mes appels dérobait son flambeau,
Celui-ci quelquefois comme un feu qui s'élance
M'emportait, lumineux, sur un blanc paquebot.
Le plus souvent, j'allais, amer à n'y point croire,
Orphelin du sommeil, veuf déjà de la gloire
Et pauvre des yeux lourds dont l'éclat s'est éteint.
J'allais, toujours plus vieux, écrasé par l'espace,
Voyant s'amenuiser matin après matin
Les quelques écus d'or tombés de ma besace.
Poème extrait de "La Blessure des Mots".