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26 septembre 2012 3 26 /09 /septembre /2012 12:58

Thierry_Cabot_-_A_un_poete.mp3

 

 

 

Lève le camp. Ils meurent tous de ne point vivre.

Chez eux, à coups félons, halète la rancœur.

A les voir écumant, l’œil jaune et le poing ivre,

Qui ne leur jetterait son idéal au cœur ?

 

Oh ! cependant, il est quand même aussi des hommes

Dont le rêve à tâtons secoue un pan du ciel,

Et que loin de l’alcôve où laidement nous sommes,

Le temps fait rayonner comme l’amour sans fiel.

 

Poète, sois des leurs dans ta musique ardente.

La bouche de l’ignoble enfante les vieillards.

Deviens celui qui pose un fabuleux andante

Sur les chemins fourbus et noyés de brouillards.

 

Sois tout ce que d’aucuns voudraient t’empêcher d’être.

L’abominable siècle osera-t-il jamais,

Au fond de l’avalanche obscène du paraître,

Ensevelir ta voix promise aux blancs sommets ?

 

Non, ce n’est pas demain que se tairont les anges.

Des ailes tour à tour ébauchent leur envol.

Les vivants sont ailleurs, nés pour d’autres vendanges

Et doués d’une flamme à soulever le sol.

 

Nul mieux que toi ne court du brin d’herbe à l’étoile ;

Nul ne raconte mieux le sublime et le saint ;

Nul encore quand l’aube immobile se voile,

Ne sait mieux conquérir quelque mouvant dessein.

 

Avec tes mots brandis au cœur loyal des choses,

Le vertige est plus clair et le sort plus aigu,

Le vent goûte, assoiffé, de foisonnantes roses

Et l’éden cajoleur n’a plus rien d’ambigu.

 

Aucun n’embrasse mieux les destins ou les mondes ;

Et s’échappant, filant, vibrant jusqu’au soleil,

S’illuminent en chœur ces minutes fécondes

Qu’en vain, mirage amer, on enlace au réveil.

 

Tu nous connais si bien du feu de tes mains pleines ;

Tu déroules si haut les cantiques des forts :

Echarpe longue et chaude, hymne au-dessus des plaines,

Embrasement levé parmi les vastes ports.

 

Combien chez toi l’oiseau, le nuage et la foudre

Ont la suavité d’un éclat de velours ;

Combien dans la fleur même en train de se dissoudre,

Tu suscites la graine où tout revit toujours.

 

Toujours ! les nids fameux, l’abeille qui s’étonne,

Toujours ! l’été nomade aux éclairs palpitants,

Le bois charnel ému sous les doigts de l’automne

Et l’hiver consumé par la foi du printemps… 

 

Mais tout à coup, mais tout à coup ce flot vacille.

Un maléfique trouble ensemence la peur.

Le vulgaire allongé tel un mesquin bacille,

Empoisonne ton verbe emplumé de torpeur.

 

A terre, blême, éteint, le sommeil sur la joue,

Tu ne cultives plus que des mots expirants

Pendant que la bêtise infatigable joue

A travers les faisceaux lumineux des écrans.

 

Poète, hélas ! il est bien tard ; à peine était-ce

Une chimère peinte aux lèvres de l’ennui.

L’heure est au haïssable, au vide, à la tristesse

Et la malignité n’aime que trop sa nuit.

 

Nulle âme ne fendra les confins nus des songes.

Va, tu n’es déjà rien avec ton bleu pavois.

Le troupeau gigantesque et repu de mensonges,

Bêle à n’en plus finir pour étouffer ta voix.

 

 

Poème extrait de "La Blessure des Mots"

 



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26 septembre 2012 3 26 /09 /septembre /2012 12:57

 

Pour lui plaire, elle a mis son châle et ses bottines

Et décoré ses cils d’un peu de rimmel bleu.

Il lui vient en marchant des lueurs enfantines

Qui la brûlent déjà comme un rêve qui pleut.

 

Enfin le quai… le train d’où l’homme va descendre.

Mais aucun d’eux ne semble évoquer celui-ci.

Elle s’use les yeux à chercher Alexandre.

La vieille dame est là mais lui n’est pas ici.

 

Comme elle a su l’aimer toujours depuis des lustres.

Son petit sac à main tremblote à son poignet.

S’ils n’ont jamais brillé parmi les noms illustres,

Que fut belle l’histoire où leur feu se baignait !

 

Mon Dieu ! Chaque minute a le poids de la glace.

Frêle et silencieuse, elle attend, elle attend.

Ses pauvres doigts rougis et sa figure lasse

Peignent le désarroi d’une âme cahotant.

 

Que fait-il donc ? Est-il fiévreux ? Est-il malade ?

Or aussitôt, Léa voit rayonner demain :

Les cheveux blancs, rieur, tel un prince en balade,

Il se tient devant elle, un bouquet à la main.

 

Poème extrait de "La Blessure des Mots"

 

 

Ombres mêlées

 

Des soldats noirs de la débâcle,

Le gigantesque et fol assaut ;

Mon destin comme un devoir sot

Que cet élève encore bâcle ;

 

Chaque jour, quel délitement !

Faut-il même que je rêvasse ?

Et chaque nuit, quelle crevasse !

Où je m'enlise abruptement ;

 

Si peu de foi glissée à l'âme ;

L'amour à peine reconnu ;

Mais sur moi d'un bond continu,

Toute la haine armant sa lame ;

 

Tant de labeur lisse et brouillon,

Tant d'idéaux lourds de rancune

Qui ne valent guère plus qu'une

Vague rime d'écrivaillon.

 

Poème inédit extrait de "La Blessure des Mots"

 

 

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26 septembre 2012 3 26 /09 /septembre /2012 12:56

 

 

Je n’ai plus de mots. Les tiens n’ont plus d’âge.

Notre logis daigne à peine nous voir.

Mon feu s’est noyé dans l’eau du lavoir

Près duquel sonnait ton doux bavardage.

 

Ce fut là, mon Dieu, que nous eûmes tant

Jour et nuit de foi, de trouble et de leurres.

Mais l’horloge a bu la flamme des heures

Sur la porte sèche à double battant.

 

Nous avons si mal. Rien déjà, personne !

Le silence même engourdit nos pas.

Je te cherche en vain, tu ne m’entends pas.

Seul parle l’ennui que le temps façonne.

 

Si nous n’étions qu’un, nous voilà bien deux

A tromper le vide énorme et funeste,

Osant un murmure, essayant un geste

Comme pour cogner un mur hasardeux.

 

Et l'aube meurtrie, en veuve qui souffre,

Saigne chaque fois d’un regard de moins.

Nous tournons le dos sans clef ni témoins ;

Et les songes tus ont la voix du gouffre.

 

Poème extrait de "La Blessure des Mots"

 

 

Eblouissement

 

Mon immortelle éclose aux replis d'une sente,

Mon bijou satiné, ma biche frémissante,

Afin que de toi seule un feu sût me vêtir,

Tu m'entras dans les yeux pour ne plus en sortir.

 

Eblouissant l'air tiède, ô Joy mystérieuse !

De ta prunelle autant sublime que rieuse,

Je te revois sans fin, je te revois toujours

Lancer des matins bleus sur le gris de mes jours.

 

Combien vite, ma Joy, tu m'apparus tout songe,

Toute joie où la vie à chaque élan s'allonge,

Et dont l'afflux comme exalté par ton ardeur,

Faisait jusqu'à mes doigts ruisseler la grandeur.

 

Contre le mal sanglant que la haine éparpille,

Ma Joy, flambait l'extase au fond de ta pupille

Avec on ne sait quoi de rebelle et de saint

Posé tel un joyau loin du monde assassin.

 

O brune qui m'offrait une coupe d'aurore !

O ma sève ! ô ma source inaltérable encore !

Brûlé de tant d'éclats depuis le premier jour,

Comment te dire assez les mots de mon amour ?

 

Poème inédit extrait de "La Blessure des Mots"

 

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26 septembre 2012 3 26 /09 /septembre /2012 11:30

 

Thierry_Cabot_-_La_Vie_blessee_Angoisses_de_janvier.mp3



Mon coeur est là, mêlé de neige ;
Des larmes blessent l'horizon ;
Et je n'ai plus d'autre saison 
Que le néant sourd qui m'assiège.

Le vent belliqueux sous le froid,
Semble engloutir ma nuque tendre
Dans le givre où se fait entendre
L'amère écume de l'effroi.

Quel soleil geint parmi les ombres ?
Croulant comme un bateau sans mâts,
Je m'abîme au sein du frimas,
Exténué de rêves sombres.

Oh ! janvier seul a le pouvoir ;
L'infini glacé rend tout vague,
Et je sanglote... je divague
Au point de ne plus rien savoir.


Poème extrait de la " Blessure des Mots "

http://www.elpediteur.com/catalogue.htm#cabot

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26 septembre 2012 3 26 /09 /septembre /2012 11:16

Thierry_Cabot_-_Noire_melancolie.mp3

 

 

Comme j’ai peur ; ma foi s’enlise.

L’espoir s’écaille en gémissant.

Un air de fado grimaçant

Me tue et retue à sa guise.

 

L’épouvantable et lourde bise

Incrustée en moi jusqu’au sang,

Rend ce jour d’hiver qui descend

Plus éteint qu’une messe grise.

 

Sais-je où défaille ma raison ?

Le soir tendu vers l’horizon,

Etrangle l’espace livide.

 

Mes rares biens se sont enfuis.

Le vide sans cesse, le vide

Me fait oublier qui je suis.

 

 

Poème extrait de "La Blessure des Mots"

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26 septembre 2012 3 26 /09 /septembre /2012 09:44


Thierry_Cabot_-_La_Blessure_des_Mots_Selection2.mp3
Texte 2

 


Ayant vaincu la nuit, l'aurore toute molle
Semble un long drap laiteux piqué de veines d'or,
Comme si jusqu'au sein de la blancheur qui dort,
Des fils de diamants tissaient une auréole.

Puis vaporeuse et blonde à la pointe du môle,
Tout à coup la nue ivre éclabousse le port
Et le vent secoué d'un magique transport,
Déguste à l'infini la lumière qu'il frôle.

Les barques scintillant sur le tapis des eaux,
Avec sublimité, vibrent de chants d'oiseaux ;
Le grand ciel ingénu fait pétiller chaque âme ;

Et le soleil toujours plus vaste et glorieux,
Dans la tiédeur marine où se jette sa flamme,
Caresse longuement tous les coeurs et les yeux.



Poème extrait de " La Blessure des Mots "

http://www.elpediteur.com/catalogue.htm#cabot


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26 septembre 2012 3 26 /09 /septembre /2012 09:43

Thierry_Cabot_-_Muse_mon_amante.mp3

 

 

 

Splendide, avec les ailes d'autrefois,
Tout m'emplira d'une extase première ;
J'habiterai le son et la lumière
Pour te chérir de somptueuses fois.

Les mots en nous, bénis comme des rois,
Flamberont mieux qu'une rose trémière ;
De ton corps plein, je ferai ma chaumière,
Semant le rêve... auquel sans fin tu crois.

Beaux, éveillés, malgré la nuit dormante,
Moi, l'homme soûl, et toi, la pure amante,
Célébrerons les vagues du soleil ;

Puis magicien fleuri par ton empreinte,
Je tremperai ma plume au sang vermeil
Dans l'éclair nu de notre chaude étreinte.



Poème extrait de la "Blessure des Mots"

http://www.elpediteur.com/catalogue.htm#cabot

 

 


 

  

  

 





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25 septembre 2012 2 25 /09 /septembre /2012 16:38

Thierry_Cabot_-_Confidence_automnale.mp3


 

L'automne jeune et beau dans les plaines arides,
Vibrait ingénument de ses feux redoublés ;
Tes longs cheveux blanchis, en flots amoncelés,
Mangeaient ton clair visage aux lumineuses rides.

Et je te voyais là, doux fantôme incertain
Contemplant sur mon front une ou deux mèches grises,
Et je sentais sur moi tes prunelles éprises
Qui semblaient repousser quelque démon lointain.

Vingt ans avaient coulé, perfides comme une onde,
Vingt ans de vain tumulte et de lits captieux
Où le temps avait mis de l'eau trouble en tes yeux
Et dans les miens l'amère inanité du monde.

J'étais le confident, le complice autrefois
Bien que dix mille jours fissent de toi l'aînée ;
Nous avions souvent eu la lèvre illuminée
Par des tableaux profonds et rieurs à la fois.

Cependant le vent tiède échevelait nos têtes ;
Tes fines mains déjà frissonnaient en fuyant ;
Dehors tout s'animait ; le soleil bienveillant 
Faisait avec éclat de nouvelles conquêtes.

Et sans même un regard et le coeur affamé,
D'une tremblante voix d'où montait une plainte,
Tu murmuras longtemps, vieille, la face éteinte :
" Oui, je t'ai bien aimé, bien aimé, bien aimé... "



Poème extrait de " La Blessure des Mots "

http://www.elpediteur.com/catalogue.htm#cabot

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25 septembre 2012 2 25 /09 /septembre /2012 16:17

 

Thierry_Cabot_-_Ailleurs.mp3

 

 

 

 

 

Comme de grands oiseaux dans la brise envolés,
Sous l'écho lancinant de ma vieille mémoire,
Il me vient des ailleurs ingénus à tout croire
Et d'infinis matins savoureux et troublés.

Délicieusement, l'azur avec panache
D'un feu toujours égal, viendra baiser mon front ;
Les étoiles en choeur toutes resplendiront
Sans que l'espoir jamais ne s'étonne ou se fâche.

Elançés, flamboyants, de longs rêves émus
Enivrés à la fois par la même opulence,
Mettront des éclats d'or aux lèvres du silence
Et verront, somptueux, tous mes désirs promus.

Le temps, d'une main douce, égrènera ses fêtes ;
Je ferai, malgré moi, rire les anciens maux.
Parmi la soie étrange et suave des mots,
La vie aura les yeux qui défont les défaites.

O sortilèges nus ! ô mystères fervents !
Mêlés à la couleur d'invisibles étreintes !
Sur mes doigts glisseront des beautés presque saintes
Dont je caresserai les prodiges mouvants.

O souffles orgueilleux ! ô plénitudes reines !
O chemins constellés de frissons rajeunis !
Déjà pourquoi faut-il que brisés puis bannis,
Vos superbes élans abandonnent les rênes ?

Adieu... restera seul quelque ultime verset
En de pauvres lieux morts que nul astre ne guide,
Laissant fuir d'une haleine au ciel demeuré vide,
Le soleil introuvable où la foi se blessait.


Poème extrait de " La Blessure des Mots "

http://www.elpediteur.com/catalogue.htm#cabot





 

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25 septembre 2012 2 25 /09 /septembre /2012 14:57

Thierry_Cabot_-_La_Blessure_des_Mots_Selection2.mp3

Texte 10



Je vis soudain parmi les ombres chuchotantes
Je ne sais quoi de clair, de doux et de grisant
Qui, telle une chimère aux ailes éclatantes,
Me promit les saveurs d'un éternel présent.

Alors des frissons neufs agitèrent les plaines ;
La nue écarquilla ses yeux de paradis ;
Les zéphyrs exhalant leurs pures cantilènes
Firent chanter au loin mille mots jamais dits...


Et les blanches saisons pétillèrent de joie ;
Des pétales de feu rêvèrent sur les eaux ;
Dans le ciel vaporeux comme une longue soie,
Un nuage s'émut de l'entrain des oiseaux.

Puis du haut des sentiers où tremblent les collines,
Quelque majestueux sourire d'un beau jour,
A tout : haleines, voix et mousses cristallines,
Mêla son éclat tendre et son magique amour.


Poème extrait de " La Blessure des Mots "

http://www.elpediteur.com/catalogue.htm#cabot







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Présentation

  • : Thierry CABOT
  • : Il réunit des textes extraits de mon oeuvre poétique intitulée : " La Blessure des Mots "
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