Mon îlot de feu clair, mon nid, mon amoureuse,
Depuis quand n'ai-je plus dans ton riche cou blanc
Enseveli ma tête orpheline et fiévreuse
Et d'un bien sans égal épousé tout l'élan ?
L'hiver a déjà mis son lourd sanglot de givre ;
Les violons brisés ont suspendu leurs voix ;
Sur la glace, je vais toujours comme un homme ivre,
Déchiré par les yeux que sans fin je revois.
Où cours-tu donc, lascive, avec ta bouche fière
Où je cueillais, hier, le sel de ton baiser ?
Hier, non, mais plutôt bien des mois en arrière
Car le temps n'est pour moi qu'un poignard aiguisé.
Mon Dieu ! puis-je souffrir qu'à jamais tu deviennes
Cette belle inconnue à qui je disais : " nous " ?
Puis-je abandonner là nos étreintes anciennes
Et piétiner les fleurs encombrant tes genoux ?
Mon supplice, ma faux, ma louve dévoreuse,
Oh ! Pardon, j'ai trop mal, j'ai trop mal en ce jour.
Dans ma poitrine folle, une blessure creuse
La tombe où saigneront mille bouquets d'amour.
Poème extrait de "La Blessure des Mots"